Contrairement à ce qu’on peut lire dans certaines publications[1], les enfants ayant un haut potentiel ne risquent pas plus l’échec scolaire que les autres. Cependant, ceux qui sont en difficulté scolaire ont des caractéristiques cognitives qui doivent être prises en compte. A travers la carte mentale suivante, j’ai recensé quelques caractéristiques d’enfants précoces en décalage avec le système scolaire[2]. Il est rare qu’ils cumulent toutes les particularités listées. L’analyse de celles-ci permet d’adapter l’aide scolaire à laquelle ils ont le droit au plus juste. L’élève peut avoir aussi des troubles cognitifs comorbides qui sont à prendre en compte. Michel Habib[3] parle alors de HP-Dys[4] ( Conférence RESODYS, 2014).
Carte mentale des caractéristiques des élèves à haut potentiel[5]
NB : Les caractéristiques listées en couleurs claires sont les moins courantes.
Pour être efficace dans l’adaptation scolaire, il est préférable de prendre en compte le profil complet de l’élève afin de mieux répondre à ses besoins éducatifs particuliers.
Le haut potentiel est diagnostiqué par un test WISC V ou un WAIS[6] (pour les plus de 17 ans). Selon quelques « spécialistes » du haut potentiel[7], on peut citer différents types de personnalités haut potentiel :
- L’enfant ayant un syndrome de Kirikou (Revol, O., 2010) : Il s’agit d’un enfant qui se débrouille toujours tout seul sans jamais accepter l’échec.
- L’enfant ayant le complexe de l’imposteur (Chassangre, K. & Callahan, S. 2017) : Il s’agit d’un enfant qui refuse le diagnostic de Haut Potentiel malgré les caractéristiques atypiques relevées par son entourage et les résultats des tests, sans pour autant les contredire.
- L’enfant ayant un « faux self » (appelé aussi complexe de l’albatros) (Gauvrit, A. 2002) : Il s’agit d’un enfant qui « étouffe » son intelligence pour « être » comme les autres. Cet état se passe souvent à l’adolescence car il a besoin de s’intégrer et d’être reconnu par ses pairs.
- L’enfant faisant le clown dans la classe (Mouchirou 2004) : Il s’agit d’un enfant qui marque sa particularité en accentuant son comportement par des excentricités pour se faire accepter par ses pairs.
- L’effet Pygmalion (Terrassier, JC. 2005) : Il s’agit d’un enfant dont le comportement est conforme à ce que lui renvoie son entourage qu’il soit positif ou négatif.
- Le triangle dramatique ou le triangle de Karpman(Revol, O. 2012) : Il s’agit d’un enfant qui adopte tour à tour une posture de sauveur, de victime et de persécuteur.
On notera que ces caractéristiques peuvent très bien correspondre à des élèves qui n’ont pas de haut potentiel. Un HP[8] qui va mal peut être un enfant perturbateur en classe (fou du roi), il peut être décrocheur, voire dépressif. Dans ses écrits, Jeanne Siaud-Facchin[9] (2012) annonce que « 1/3 des EIP[10] seraient décrocheurs ». Nicolas Gauvrit (2018) relève que ce chiffre est erroné[11]. En effet, tous les élèves HP ne sont pas testés et on ne teste pas systématiquement tous les élèves qui vont mal[12]. Un élève peut aller mal pour de multiples raisons et pas forcément à cause de ses caractéristiques cognitives.
Les statistiques du WISC V donnent 2% de Haut Potentiels Intellectuels sur l’ensemble de la population testée comme le montre la courbe de la Figure 5. Le test de Wechsler repose surtout sur des compétences logico-mathématiques, il ne mesure pas les intelligences multiples définies en 1983 par Howard Gardner.
Courbe de répartition du QI en fonction de la population globale
Lorsque les enseignants ou l’équipe éducative constatent des difficultés dans le comportement de l’enfant ou une apathie chez lui, il arrive qu’ils posent des questions à la famille pour en connaitre les raisons. Lorsque le lien est fait entre le comportement inadapté ou l’apathie et le décalage cognitif de l’enfant avec sa classe d’âge, l’accompagnement pédagogique peut se faire. Il est judicieux de demander à un psychologue d’effectuer un test de QI (WISC V ou WAIS 4) à l’élève. Cependant, cela ne suffit pas pour mettre en place un accompagnement adapté. Le coût de ce type de test ne permet pas à toutes les familles de le faire faire. L’équipe médicoéducative qui accompagne l’élève peut s’en passer.
Le test va fournir des indications sur les points forts et les points faibles. Il est donc un outil pour accompagner les élèves mais il faut aussi questionner les besoins pour y répondre au mieux. L’équipe pédagogique peut alors s’appuyer sur un PPRE[13] ou PPEHP[14] si l’élève risque de ne pas valider les compétences demandées dans sa classe d’âge ou encore un PAP si on note des difficultés durables dans les apprentissages.
Il est parfois nécessaire de mettre en place une thérapie en parallèle pour la gestion des émotions lorsque l’élève va mal. La plupart du temps, la famille adhère à cet accompagnement mais le souci est le coût des séances dans la sphère privée que les familles des classes socioprofessionnelles défavorisées ne peuvent assumer. Les psychologues de l’éducation nationale n’ont pas vocation à prendre en charge les élèves sur une grande durée d’accompagnement. Des structures médico-sociales telles que les CMP ou CMPP peuvent prendre le relais mais les délais d’attente sont très longs.
[1] Livres de Jeanne Siaud Fachin et site d’associations de parents d’élèves.
[2] Synthèse faite à partir de la bibliographie donnée en annexe et de multiples conférences.
[3] Neurologue CHU Marseille et président de l’association RESODYS
[4] cf dossier HYP-Dys doc1 doc2.
[5] Cette carte est réalisée à partir de documents qui traitent du sujet. Certains psychologues et médecins reprennent parfois des mythes que l’on retrouve aussi dans les documents de l’éducation nationale. Peu d’éléments de cette carte ont été justifiés par la recherche, il faut donc la prendre avec prudence et s’en servir uniquement pour interroger les particularités de l’élève que l’on accompagne.
[6] Echelles d’intelligence de Wechsler
[7] Même réserve à avoir que pour la carte mentale au sujet des mythes.
[8] HP : Haut Potentiel
[9] Siaud-Facchin, J. 2012 – L’enfant surdoué. Paris : Odile JACOB
[10] Enfant Intellectuellement Précoce
[11] Gauvrit, N. 5 avril 2018 – Au-delà des idées reçues. ESPE de Cergy. Consulté en 2018 à l’adresse https://scolawebtv.crdp-versailles.fr/?id=31416
[12] Un test WISC est fait et analysé en une dizaine d’heures, on ne peut pas se permettre d’en faire pour tous les élèves.
[13] Programme personnalisé de réussite éducative
[14] Parcours personnalisé pour les HP
Documentations sur les Hauts Potentiels :
